Cheval senior: pour que l’hiver se passe sans problème

CE QU’IL FAUT SAVOIR :

Même si votre cheval a bien supporté les hivers précédents il vieillit chaque jour un peu plus. Avec l’âge des problèmes de santé spécifiques apparaissent et les besoins changent.  Le processus de vieillissement affecte tout l’organisme et chacun des systèmes qui le composent.  Ces signes de vieillissement vont se développer progressivement et peuvent passer inaperçus, tout au moins au début. Comment faire pour le protéger ?

Sa résistance au froid diminue :

Le cheval âgé possède une moindre capacité à réguler sa température corporelle.

Par temps froid il est important de le protéger avec :

• Une bonne couverture

• Un abri ouvert pour le garder au sec avec accès libre au pré ou au paddock

• Une litière confortable là où il a l’habitude de se coucher

• Une alimentation adaptée

• Un accès à l’eau (attention aux bacs gelés)

Son système digestif va devenir moins efficace :

On estime qu’un cheval âgé de 20 ans perd environ 20% de sa capacité à digérer et assimiler certains nutriments (fibres, protéines,  phosphore, vitamines B et C). Il a donc besoin de plus d’énergie pour effectuer les mêmes tâches.

Ainsi, un cheval sain âgé, n’ayant  pas de problèmes particuliers, a des besoins alimentaires qui sont ceux d’un jeune cheval en croissance.

 

L’âge entraine inéluctablement une détérioration articulaire – arthrose –, une perte d’élasticité et de résistance ligamentaire et tendineuse:

L’arthrose est connue pour être une condition douloureuse qui peut affecter significativement la qualité de vie, créer un état de stress permanent.

Il n’est pas rare de constater qu’un cheval âgé à des difficultés à se lever après s’être couché. Cela est souvent dû à des jarrets douloureux qui rendent difficile le fait de se mettre sur ses pieds. Certains hésitent même à se coucher, restent constamment debout car ils ont peur de ne plus pouvoir se relever. Ils vont dormir debout avec parfois des épisodes brutaux de début de chute. D’autres resteront constamment couchés dans le froid et l’humidité avec toutes les conséquences dramatiques que cela peut avoir.

Les pieds demandent une surveillance attentive et quotidienne afin de prévenir leur détérioration,  l’apparition de boiterie ou de fourbure:

Des pieds solides, correctement entretenus et régulièrement parés sont synonymes de santé, de confort, et de longévité.

 

Les problèmes de peau doivent  être correctement identifiés, gérés, traités:

Avec ses variations climatiques, la pluie, la boue, la vie au pré favorise l’installation de problèmes cutanés divers. La sudation (lorsqu’elle est localisée, elle est un signe évocateur de la maladie de Cushing) et les frottements par les couvertures sont aussi des facteurs favorisants.

 

Le système immunitaire:

Il perd de son efficacité, ce qui signifie que l’organisme devient plus sensible à la maladie et ne fait plus aussi bien barrage aux infections virales et bactériennes :

• Pour cette raison la vaccination du vieux cheval doit être maintenue pour le protéger contre les pathologies qui pourraient lui être fatales (grippe, rhinopneumonie)

• La vie au pré l’exposant à des blessures qui peuvent passer inaperçues, la vaccination antitétanique est primordiale.  En effet, une fois déclarée, le tétanos conduit la plupart du temps à la mort dans d’atroces souffrances

Environnement et relations sociales :

A l’état naturel, le cheval est un animal herbivore, nomade (il se déplace constamment pour chercher sa nourriture) et grégaire (il vit en troupeau composé de petites familles).

La vie en groupe est le fonctionnement normal du cheval et la stabilité du groupe est gage de sérénité.

La vie en solitaire est anormale. Un cheval isolé perçoit l’environnement comme dangereux et hostile.

Pour lui éviter les sentiments d’abandon et d’ennui, lui permettre de s’occuper, d’avoir des contacts sociaux, d’entretenir sa mobilité, un cheval a besoin de la compagnie d’un de ses congénères.

Laisser un cheval seul dans un herbage à longueur d’année n’est pas la solution. Même en lui rendant visite régulièrement cela ne remplacera jamais pour lui la présence d’un compagnon.

Lorsqu’un cheval vieillissant est mis à la retraite totale au pré il va avoir tendance à devenir paresseux et à limiter de lui-même ses déplacements. Il faut alors lui donner des raisons de bouger. Pour cela il est nécessaire de rendre son lieu de vie attractif et varié.

Les meilleurs moyens sont tout d’abord  de lui permettre de vivre en compagnie d’un autre congénère puis ensuite de diversifier ses centres d’intérêts (un abri, un endroit confortable pour se coucher, un point d’eau, un accès au fourrage, une mangeoire) en les éloignant les uns des autres.

Cela sollicitera fortement ses déplacements, qui s’effectueront de façon naturelle, pour son plus grand plaisir.

CE QU’IL FAUT FAIRE :

Cela passe par une surveillance quotidienne et des soins attentifs et réguliers. Il faut s’assurer que:

• Il n’a pas froid : un cheval qui a froid va frissonner continuellement, rechercher un lieu abrité et s’y cantonner, ne pas vouloir le quitter même pour manger

• Il a accès sans difficulté à sa nourriture et à de l’eau fraiche

• Il mange et boit normalement

• Il ne maigrit pas. L’examen visuel seul est souvent trompeur. L’évaluation de l’état corporel doit se faire par palpation de la couverture graisseuse au niveau des côtes. Un gros poil épais peut être trompeur et « cacher la misère » (Cushing par exemple)

• Il se déplace régulièrement et sans difficulté

• S’il vit en groupe, il est bien accepté et bien intégré

S’INQUIÉTER SI :

• Un cheval âgé continue à maigrir alors qu’il reçoit une alimentation adaptée, cela est dû alors à d’autres problèmes. Il est nécessaire d’en déterminer la cause exacte et d’y remédier:

  • Incompatibilité entre jeunes et vieux chevaux ou dominants, entrainant une prise de nourriture insuffisante

  • Abreuvement insuffisant, accès à l’eau difficile (mare, ruisseau…)

  • Problèmes dentaires, digestifs (ulcères)

  • Douleurs, notamment ostéo-articulaires, et difficultés de déplacement (terrain en pente…)

  • Parasitisme

  • Affections organiques (foie, reins, tumeurs)

• S’il faut tout faire pour éviter qu’un vieux cheval maigrisse, il est tout aussi important de combattre le surpoids et l’obésité. Les conséquences de l’obésité peuvent s’avérer désastreuses. L’obésité, consécutive à une alimentation trop riche, notamment en amidon et en sucre va entrainer une surcharge articulaire et favoriser l’apparition de certaines affections métaboliques (insulinorésistance et maladie de Cushing) dont la complication la plus grave est la fourbure.

Avant que l’hiver débute, il est conseillé de demander à votre vétérinaire de faire un examen clinique complet de votre cheval senior. En fonction de ses observations, il vous donnera tous les conseils nécessaires pour qu’il passe un hiver dans les meilleures conditions possibles.